Résumé
“Le temps aux plus belles choses se plaît à faire un affront, et saura faner vos roses comme il a ridé mon front,” écrit Corneille amoureux quinquagénaire de la belle Marquise. Le poète avoue sa situation contingente devant l’irréversibilité du temps. Mais il ajoute, réveillant les amours de Ronsard et d’Hélène, ‘Vous ne passerez pour belle qu’autant que je l’aurai dit,”1 car la liberté de l’auteur se situe au niveau de son imagination qui transcende la réalité sensible. Il ne saurait être question chez le poète d’un concept de liberté abstrait mais bien au contraire d’une suite de choix, de refus et d’acceptations, à travers lesquels il modèle situations et personnages selon sa vision personnelle du monde. Devant la perpétuelle muance de l’univers et la dégradation tragique et lente de son être, les mots “je,” “moi,” sont bien faibles pour préserver une unité qui lui échappe; aussi est-ce au niveau de la création, dans l’oeuvre même et ses protagonistes, qu’il faut chercher l’affirmation ou la négation de la liberté de l’homme face à la puissance corrosive du temps.